Le Piano – un coup de foudre en noir et blanc
Cet article a été rédigé dans le cadre de mon défi. Cliquez ici pour en apprendre plus !
La rencontre
Tout a commencé un jour d’automne, lorsque maman m’a emmenée dans un beau bâtiment historique plein de bruits étranges. C’était parfois mélodieux, parfois des bruits sans queue ni tête, des « boum » et des « tzing » dans tous les sens. Puis on est entrées dans une des salles mystérieuses, et elle m’a demandé : « tu veux essayer cet instrument ? ». Je me rappelle encore de l’expérience intimidante devant une batterie (c’est énorme ces trucs-là !). Je crois que maman se rappelle aussi des couacs agressifs de la flûte traversière.
Puis, finalement, j’ai croisé ce clavier noir et blanc : coup de foudre.
Je vous mentirais en vous disant que c’était une surprise : depuis déjà un an, je pratiquais le synthé. Mes parents m’avaient inscrite à un cours dans notre village pour que j’arrête de casser les oreilles de tout le monde avec ma flûte à bec. Il y avait quelque chose qui me plaisait dans le clavier, cette liberté de pouvoir chanter à tue-tête en même temps.
Mais avec le piano, c’était encore plus beau, encore plus grand, encore plus magique. Les sons superficiels et parfois grinçants du vieux synthé étaient remplacés par des sons chauds, profonds, puissants. C’était comme si j’avais soudain le pouvoir de faire résonner la musique jusque dans mes os. C’était comme si je devenais moi-même un instrument de musique. Depuis ce jour, je n’ai jamais cessé d’être émerveillée par cette sensation. C’était il y a bientôt 30 ans.
Ce que j’aime dans le piano
Le piano a plusieurs avantages sur les autres instruments :
- Les sons sont déjà prédéfinis : je vous demande une minute de silence pour les oreilles des parents d’enfants violonistes… Sur certains instruments, jouer le son juste est en soi un exercice à part entière (parfois long et difficile à maîtriser). Sur le piano, non : tout le monde peut jouer un « do », il suffit de taper sur la bonne touche ! Facile, non ?
- Il est polyphonique : il est facilement possible de jouer plusieurs sons, voire plusieurs mélodies en même temps.
- Les deux mains sont indépendantes et complémentaires : la main droite et la main gauche ne dépendent pas l’une de l’autre, contrairement par exemple à la flûte ou la guitare. Certains instruments demandent une parfaite coordination pour sortir un son ; le piano, non. Cela permet de créer des mélodies complexes et des harmonies complémentaires uniques sur un seul et même instrument.
- Il a une grande amplitude de sons : du très grave au très aigu, le piano est l’un des instruments qui possèdent la plus grande amplitude de sons.
- Il a une grande amplitude de nuances : on peut jouer légèrement comme un murmure ou balancer des accords d’une puissance qui couvre un orchestre. Le son d’un piano peut occuper toute une salle de concert !
- Il est confortable à jouer : j’avoue que jouer assise, ça me plaît.
- Il ne demande aucune force ou habileté particulière : même pour jouer dans une salle de concert, pas besoin d’avoir à porter l’instrument, ni de manipuler l’instrument ou un accessoire. Peu importe les capacités physiques, le piano est à la portée de tous.
A mes yeux, son seul inconvénient est son immobilité : difficile de l’emmener partout avec soi, hélas.
Comment je le pratique au quotidien
Depuis que j’ai commencé le piano, j’ai toujours eu un piano droit à la maison. Chez mes parents, le piano était en location le temps de mes études. Puis, lorsque j’ai quitté le nid familial, mes parents m’ont fait un magnifique cadeau : un piano électrique.
A la différence d’un synthé, le clavier est alourdi pour donner la même sensation qu’un piano classique, et il possède les trois pédales permettant de jouer en sourdine ou de soutenir les notes. De plus, il possède trois gros avantages sur un piano droit classique :
- Il est nettement moins cher à l’achat
- Il est possible de régler le son (voire même de porter un casque, les voisins vous remercieront)
- Il ne se désaccorde jamais (vous n’aurez jamais les oreilles qui saignent à cause des notes désaccordées, ni à payer un accordeur)
Je tiens à faire une petite parenthèse : je suis issue d’une famille ouvrière, issue de l’immigration. J’ai pu faire du conservatoire parce que mes parents ont fait le choix d’investir dans ma culture musicale au détriment d’autres dépenses. J’étais une enfant, je n’ai jamais su les sacrifices qu’ils ont consenti pour me permettre de vivre cette passion. Je leur en serai toujours immensément reconnaissante.
Je fais cette parenthèse simplement pour vous dire ceci : s’ils ont réussi à me donner cette chance sans être riches, c’est aussi possible pour vous. Cela fait longtemps que le piano n’est plus un loisir de riches.
Petit conseil : n’achetez jamais un piano (même d’occasion) avant d’avoir testé l’instrument pendant au moins un an ! Ainsi, vous saurez avec certitude si vous allez continuer ou non, et si l’investissement en vaut la peine. N’hésitez pas à utiliser les options de location.
Depuis que j’ai quitté le conservatoire, ma pratique est passée de quotidienne à occasionnelle, c’est-à-dire une à trois fois par semaine, selon mes disponibilités et surtout selon l’heure à laquelle je rentre le soir du travail. Je me lance en général dans des séances de 30 à 40min, durant lesquelles je fais une activité au choix :
- Rejouer mes compositions : j’essaie de le faire le plus régulièrement possible, car aucune n’est écrite (eh oui ! tout est dans ma tête depuis toutes ces années)
- Travailler une partition que j’ai particulièrement appréciée durant mes études musicales
- Travailler sur une nouvelle composition : généralement, l’inspiration naît d’un évènement particulièrement émouvant (triste ou heureux)
Ce que la pratique du piano m’a apporté
La pratique du piano m’a apporté sur plusieurs plans.
Elle m’a permis d’extérioriser ce que ma timidité m’empêchait d’exprimer. J’étais bien plus hardie durant mes auditions de piano qu’au tableau devant la classe. Au fil de l’eau, l’assurance acquise au piano m’a permis d’améliorer ma confiance en moi et de me sentir un peu plus à ma place. Voyant que j’avais une sensibilité musicale et que j’étais capable de la partager avec les autres, je me suis sentie valorisée et cela m’a permis de m’ouvrir plus facilement aux autres.
Elle m’a permis également de développer ma coordination sur plusieurs plans. D’abord, l’indépendance et la coordination des deux mains. Ensuite, l’agilité et la force des doigts. Mais également, la capacité de jouer tout en lisant plusieurs lignes de partitions de façon simultanées (une pour chaque main). Mon esprit et mes mains se sont très tôt habitués à fonctionner sur plusieurs niveaux et de façon coordonnées.
La pratique dans le cadre du conservatoire m’a permis d’avoir une très forte capacité de travail. En effet, en plus des cours, je pratiquais le piano 1 à 2h par jour sous la supervision d’un papa hypermotivé. Les trois premières années ont été difficiles, mais ensuite la routine m’a donné une grande capacité de concentration et surtout l’habitude de travailler. Cette capacité de travail m’a grandement aidée dans mes études supérieures, notamment mes deux années de classe prépa post-bac et mes trois années d’études supérieures. Sans ce cursus contraignant, j’aurais eu beaucoup plus de difficulté à m’organiser. Je pense que le fait d’avoir commencé si jeune et d’avoir progressivement augmenté la charge de travail fait que j’ai « musclé » ma concentration sans même m’en rendre compte.
L’autre côté positif de la pratique du piano au conservatoire, c’est le système d’examen. Dès le départ, les élèves sont jugés sur leurs performances musicales par un jury d’adultes. Le fait d’être confrontée très tôt à ce type d’examens m’a très largement préparée aux épreuves tels que le bac, les concours ou encore les entretiens d’embauche. Un véritable entrainement de choc pour une fille timide comme moi !
Enfin, la pratique d’un instrument quel qu’il soit demande une très grande persévérance, surtout au début. Une fois les premières bases acquises, c’est comme lorsqu’on a appris l’alphabet : on apprend à faire des phrases, puis petit à petit, on crée ses propres phrases et on s’exprime de plus en plus librement. La progression est exponentielle, pour peu que l’on dépasse les premiers stades d’apprentissage. C’est une leçon que j’ai comprise et que j’applique dans beaucoup d’autres domaines de ma vie.
Aujourd’hui, grâce à la pratique du piano, j’ai acquis :
- Une meilleure confiance en moi
- Une puissance de concentration
- De l’agilité mentale
- Une meilleure capacité à gérer le stress en situation d’examen ou de concours
- Le goût de la persévérance
Comme vous pouvez le voir, le piano a vraiment eu un grand impact dans ma vie, et m’a donné des leviers solides sur lesquels je peux m’appuyer dans bien des domaines. Et vous, avez-vous une expérience similaire ? Cet article vous a-t-il inspiré ?
N’hésitez pas à vous exprimer dans les commentaires !
*Photo de 錢得樂
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Moi j’ai une question sur le piano : pourquoi une clef de fa pour la main gauche et une clef de sol pour la main droite ? C’est perturbant. Il faut deux cerveaux. 😀
Excellente question, Lolo ! Si tu regardes bien, une portée (là où sont écrites les notes) ne contient que 5 lignes. Ca veut dire qu’on ne peut écrire que 11 notes (1 en dessous, 5 sur les lignes, 4 entre les lignes et 1 au dessus). Si on veut indiquer d’autres notes au dessus ou en dessous, il faut rajouter des petites barres sur la note. Au bout de 2 ou 3 barres, cela devient rapidement illisible. C’est la raison pour laquelle on a plusieurs clés, qui permettent de “déplacer” la lecture : selon la clé, les notes inscrites sur les 5 lignes seront plus ou moins hautes ou basses sur le clavier. Etant donné la grande amplitude de notes du piano, c’est nécessaire de pouvoir lire sur plusieurs clés pour pouvoir lire tous ces sons possibles. J’espère que ma réponse t’as éclairée 😉
Bravo ma fille pour ce superbe article. Merci à toi pour tes commentaires sur tes parents. . .On a voulu le meilleur pour nos enfants. On vous l’a proposé, vous avez été libre d’en disposer ou non MAIS, nous vous avons toujours soutenues et donné les moyens quoi qu’il pouvait nous en coûter du moment qu’il y avait du travail de votre part. Les parents poussent leurs enfants mais ne font pas le travail à leur place ! ! !
Merci maman pour ton commentaire qui m’a émue. Je te reconnais bien dans ces mots, et je partage entièrement ces valeurs et cette vision des choses. Je t’aime maman !